Le Haut Potentiel Intellectuel - Mythe ou réalité ?
Le Haut Potentiel Intellectuel
Il est parfois compliqué d’arriver à trouver un véritable accord sur cette définition de haut potentiel intellectuel. Néanmoins, un consensus a tout de même été trouvé autour de quelques éléments. Le premier point est le résultat obtenu à la batterie d’évaluation que ce soit la WPPSI IV pour les enfants avant sept ans, la WISC V pour les enfants entre six et 16 ans ou la WAIS IV au-delà de 16 ans, il est admis qu’un Q.I. au-delà de 130 inscrit les personnes dans ce type de profil. Cependant, en Cabinet, la majorité des personnes qui viennent consulter peuvent ne pas forcément atteindre ce chiffre de 130 et pourtant faire partie de ces profils atypiques de haut potentiel, car ils ont ce que l’on appelle des profils hétérogènes ou complexes. En effet, leur démarche de consultation vient généralement d’un mal-être au quotidien, et ce mal-être est souvent lié à des difficultés entre une certaine performance en termes de raisonnement verbal et visuel, parfois freiné par des difficultés attentionnelles ou des difficultés « dys » quelconques, ce que j’appelle parfois des « moteurs de Ferrarri dans des carosseries de 2CV ».
De quoi parle-t-on ?
On les appelle Zèbres, Philocognitifs, a-typiques, hauts potentiels, neurodivergents et malheureusement parfois encore « surdoués »… Tous ces termes recouvrent en fait la même réalité, et cela revient à exprimer un fonctionnement différent, ni plus, ni moins, mais différent. Une partie de cette différence a été mise en évidence dans l’étude réalisée par Fanny Nusbaum, Olivier Revol et Dominique Sappey-Marinier. Dans leur livre « Les Philo cognitifs », ils ont entre-autre pointé que ces personnes avaient un cerveau physiologiquement différent. Plus rapides, curieux, intuitifs, et parfois incapables de s’expliquer sur leur démarche, ayant des difficultés avec les implicites, souvent à fleur de peau, avec des questions existentielles importantes, intolérants à l’injustice, résistant mal à la frustration, perfectionnistes et jusqu’au-boutistes, empathiques, avec un sens aigu des détails, s’ennuyant rapidement dans des situations répétitives et n’arrivant pas toujours à mettre en place de méthode de travail, ce sont des personnes qui vont d’un extrême à l’autre tout au long d’une journée avec une hypersensibilité qui rend tout plus intense.
Être un enfant comme un adulte haut potentiel est une gageure, mais apprendre à se connaître, essayer de se comprendre et de tirer parti de ses potentialités peut être important. Quand on est concerné, ce n’est pas faire preuve d’un manque d’humilité que de chercher à se connaître. C’est juste trouver des clefs pour accepter et comprendre cette différence partagée par seuls 2,3 % de la population et qui peut devenir une véritable souffrance surtout en cas de profil hétérogène, complexe.
Profils laminaires et homogènes
Ce sont des profils que l’on voit peu dans nos Cabinets, les bilans de ces personnes mettent plutôt en évidence des résultats assez semblables entre les différents indices mesurés et dans la fourchette haute avec un QIT généralement au-dessus de 130. Elles rencontrent moins de paradoxes internes, moins de décalages avec les personnes qu’elles côtoient et sont souvent moins en demande et ont moins besoin de bilan pour vérifier qu’elles ne sont pas folles ou inadaptées. Elles restent décalées, mais l’homogénéité de leurs scores semblent les aider à trouver leur place avec moins de souffrance que les profils hétérogènes.
En effet, avec des profils homogènes, l’adaptation est parfois un peu plus facile que ce soit au niveau social, professionnel ou intellectuel. Un peu plus facile ne veut pas dire non plus systématique, mais globalement cela va un peu mieux voire même très bien.
Profils complexes ou hétérogènes
Nous voyons beaucoup plus souvent de profils de cet ordre en cabinet et la plainte exprimée n’est pas toujours formalisée comme un sentiment de fonctionner intellectuellement différemment, mais plus comme une forte agitation pour les petits garçons, un « enfermement » pour les petites filles, un fort mal-être au travail, une difficulté de couple... Cette forte représentation de ces profils dans nos cabinets peut biaiser un peu le prisme de la représentation du mal-être chez les HPI, alors qu’en fait beaucoup vont bien et donc ne viennent pas nous voir. Enfants comme adulte, ces profils vivent de temps en temps des situations difficiles amenant, une souffrance existentielle, sociale, scolaire, professionnelle, car elles sont persuadées que tout le monde est comme eux et ne comprennent pas pourquoi les autres semblent s’en sortir mieux qu’eux dans certaines situations. Un bilan explicitant le pourcentage d’appartenance à sa population de référence est parfois très éclairant et permet de mettre des mots sur les maux. Le bilan objective ainsi le ressenti de la personne qui se sent différente et permet de s’accepter, au-delà de certains jugements à l’emporte-pièce, et parfois très subjectifs que peuvent renvoyer des camarades, des collègues et même des personnes au sein même de la famille. Un bilan hétérogène est aussi parfois la porte d’entrée pour s’apercevoir de difficultés associées qui minimisent le sentiment d’être à sa place pour ces personnes. On peut ainsi avoir quelques pistes vers une « dys » non perçue préalablement, car le reste du fonctionnement de cette personne lui a permis de compenser cette difficulté, mais à quel prix, un TDA avec ou sans H qui empêche l’individu concerné d’avoir accès à ses autres capacités…, ce qui est un éclairage parfois rassurant pour les personnes concernées.